La co-création de vêtements de travail
par valentin Porcher, co-fondateur de OLOW et Pierre-antoine Arlot, co-fondateur de la maison
Photographies par Nina Ducleux,
Vidéo réalisée par Marine Bréhin
Ça fait quelques temps que OLOW développe les collaborations avec des artisans, que ce soit Ombre Claire pour des bijoux, ou encore Joël Dagès pour de la teinturerie.
Un nouveau cap a été passé en s'associant à la boulangerie nantaise La Maison. L'objectif : proposer des vêtements de travail pratiques, robustes et créatifs. On est super fiers de pouvoir présenter aujourd'hui le fruit de ce travail main dans la main : un tablier, une veste, un t-shirt, un cabas et une casquette.
Pour immortaliser cette collaboration, nous avons convié la vidéaste Marine Bréhin à venir filmer ces pièces in situ, au cœur de la boulangerie/café/bistro, l'occasion également d'entendre les co-fondateurs respectifs de OLOW et La Maison, Valentin Porcher et Pierre-Antoine Arlot, parler de cette collaboration.
CREATIVE LIFE FOR SIMPLE FOOD
"Chaque jour, nous voyons le soleil se lever.
Chaque jour, nous mettons la main à la pâte.
Chaque jour, nous façonnons de nouveaux territoires comestibles. Chaque jour, nous laissons la création nous surprendre.
Nous sommes les artisans d’aujourd’hui, d’hier et de demain.
OLOW et LA MAISON s’associent pour défricher une nouvelle relation avec nos vêtements et le travail. L’intelligence de la main est au cœur de tous nos artisanats. Se doter d’outils de travail robuste et confortable, pour laisser toute liberté à cette création manuelle, est essentiel.
Des vêtements de travail, créés par des artisans, pour des artisans. Associant l’exigence d’une fabrication Européenne, avec des matières responsables, et la réalité de l’intensité du travail manuel. Une nouvelle page pour des vêtements de travail au service des artisans et de la créativité."
Pierre-Antoine Arlot, Co-fondateur de La Maison
OLOW x La Maison, un match naturel
Valentin Porcher : Chez OLOW, on connaît la boulangerie La Maison parce qu’on a eu nos bureaux juste à côté, à même pas 30 mètres, pendant au moins 2 ans. On avait l’habitude de venir y acheter à la fois nos déjeuners, mais aussi notre pain. On savait que c’était une super référence. Ensuite, c’est toi qui nous as contactés pour faire des vêtements de travail.
Pierre-Antoine Arlot : Oui, c’est ça. En fait, nous, ce qui nous intéresse beaucoup, c’est ce travail où on peut concilier gastronomie et écologie. On essaie de l’appliquer dans tout ce que l’on fait, aussi bien pour nos produits, pour nos pains au levain, pour nos pâtisseries, pour notre cuisine, mais aussi pour les équipements de l’équipe. Tout ce qu’on utilise depuis le début dans l’atelier, on a envie que ce soit aligné sur notre philosophie.
Je trouve que ce qui est le plus intéressant pour toucher les gens, c’est quand on arrive à utiliser la créativité, pour relever ce défi autour de la gastronomie et de l’écologie. Je trouve que OLOW, avec son approche très créative, son sourcing, sa méthode de fabrication, c’est une marque qui correspond bien à nos valeurs. Quand on a commencé à regarder ce qu’on pouvait faire en vêtements de travail, il y avait un match assez naturel entre nous.
Valentin Porcher : Tu connaissais OLOW avant ?
Pierre-Antoine Arlot : Je connaissais sans connaître. En fait, je voyais dans votre boutique des pièces que je croisais dans la rue ou dans des salles de concert. Là, par exemple, j’étais à un événement au Lieu Unique, j’ai tout de suite reconnu des vêtements OLOW. Mais c’est en allant dans le magasin que je me suis rendu compte qu’il y avait plein de vêtements que je connaissais d’avant.
Ce que j’ai trouvé intéressant, ce n’est pas juste dans la création du motif, mais aussi dans la qualité des matières et ce côté durable. On sent qu’il s’agit de pièces qui vont pouvoir durer et qui peuvent passer le test du temps et des modes éphémères. C’est vrai que quand tu fais du vêtement de travail, ça ne peut pas être juste joli, ça doit aussi pouvoir durer. Et nous, ce sont des vêtements qu’on porte tous les jours, avec des tâches parfois répétitives, des mouvements qui peuvent être assez intenses. On a besoin de quelque chose qui soit à la fois confortable et durable.
Valoriser le travail des mains
Valentin Porcher :Je trouve que ce qu’on a fait avec La Maison va un petit peu dans le prolongement des collabs “artisanales” qu’on a eues. C’est-à-dire qu’on essaie de se recentrer sur le local, l’artisanal et de donner de l’importance aussi à la création de ses mains. Ce n’est pas qu’on ne croit pas à l’intelligence artificielle, mais concrètement, on croit plus à l’intelligence de l’être humain et des mains
Pierre-Antoine Arlot : Oui, et c’est marrant parce que j’y réfléchis souvent. Dans “artiste” et “artisan”, il y a “art”, qui vient du grec “ars” pour “faire de ses mains, habileté”. Pour nous, c’est vraiment la base de tout ce qu’on peut essayer de faire, soit travailler de manière 100 % artisanale sur tout ce qu’on fait en production dans l’atelier, mais aussi dans l’équipement, les outils, les matières et matériaux, qui sont conçus par d’autres artisans, et donc de créer des connexions comme ça.
Je trouve qu’on a des choses qui s’inscrivent beaucoup plus dans le temps long. Pour le vêtement de travail, je voyais beaucoup des pièces qui étaient certes durables, mais pas forcément adaptées à notre activité de boulanger, où on a besoin de choses assez légères, souples et qui peuvent s’adapter à notre type de travail. On a des équipes de baristas, de boulanger.ère.s, de cuisinier.ère.s, de patissier.ère.s, des métiers avec des besoins différents.
Au final, je trouve que dans la collaboration et les échanges qu’on a eus, on a essayé non seulement de faire quelque chose qui match d’un point de vue philosophique, mais qui soit aussi utile pour les artisans et le travail de la main, avec tous les petits détails qu’on a pu mettre en place
Allier créativité, durabilité et praticité
Valentin Porcher : Le but, c’était vraiment de créer des vêtements qui aillent au-delà de l’esthétique qu’on a l’habitude de faire, et qui soient aussi fonctionnels et pratiques au travail, avec une véritable utilité. Tu as un peu managé cette partie-là pour arriver à des pièces qui vous aident et pensé à tous les détails dont tu parlais. Nous, on avait déjà l’expérience du vêtement, de la durabilité et des matières, et avec ce que tu nous as apporté, sur ces questions, on a réussi à aboutir à des pièces qui, on espère, dureront super longtemps.
Pierre-Antoine Arlot : On a vraiment cette combinaison unique de fonctions, de durabilité et de confort. Je trouvais intéressant d’associer à ça des éléments créatifs. On travaille beaucoup avec des artistes aussi. Ils vont intervenir sur des éléments de design, de mobilier, de céramique, de menuiserie. J’ai trouvé intéressant qu’OLOW ait l’ouverture d’esprit pour faire travailler un designer avec qui on collabore, comme Oliver Helfrich, pour illustrer les t-shirts et certains détails. C’est là qu’on voit aussi que l’identité de la maison pouvait prendre une autre dimension sur des pièces OLOW, avec une autre liberté.
Valentin Porcher : Il y a l’aspect créatif, on va dire. Je trouve que ce qui coïncidait bien avec la Maison, c’est aussi l’aspect durable, local, bio, familial, une ambiance de travail. Je trouve que les valeurs sont totalement en lien. Finalement, le fait de travailler avec des artisans, comme on a fait pour le projet avec Joël Dages, en laissant le montage à un atelier d’insertion près de la Roche-sur-Yon (Vendée), ça permet d’être plus dans la proximité, et de relocaliser peut être un peu plus la production. En plus de ça, ça va aussi avec l’idée de réduire : Réduire le nombre d’artistes par collection, réduire les collections. Ça rejoint globalement l’idée du moins mais mieux, mais toujours avec une place importante pour la créativité. Le but, c’est vraiment de combiner tout ça.
Pierre-Antoine Arlot : Quand tu arrives à amener des éléments créatifs dans une pièce qui allie simplicité et qualité, c’est là où tu peux créer une connexion émotionnelle avec les gens qui le portent, ou les gens qui le voient. Ça donne envie d’en savoir plus, comment c’est fait, qu’est ce qu’il se passe derrière. On l'utilise beaucoup aussi en boulangerie. Quand tu crées des choses qui sont différentes, qui sont singulières, ça crée une émotion positive, ça interroge les gens sur comment ça a été fait, et il y a toute l’histoire derrière qui peut être racontée en donnant plus de sens à ces pièces. On crée alors quelque chose qui s’inscrit dans un écosystème et dans une approche globale, de la production jusqu’au produit.
Valentin Porcher : D’ailleurs, tu peux nous expliquer le lien que vous avez avec Oliver Helfrich, l’artiste qui a créé les visuels ?
Pierre-Antoine Arlot : On collabore depuis le début avec Oliver Helfrich, qui est designer, et avec qui j’ai pas mal bossé quand j’étais à Londres. Il est aussi artisan, dans le sens où il a commencé comme sculpteur. Ça lui donne une approche très tactile, très manuelle de son travail de design graphique. Dès le départ, on a eu cette idée de créer quelque chose de très chaleureux, organique, vibrant et coloré pour représenter la Maison, le tout, en se disant qu’elle pouvait prendre plein de formes, différentes, de textures de matières.
J’ai trouvé assez naturel de lui demander de travailler avec vous pour notre première ligne de vêtements. Voir un petit peu comment il pourrait créer, au-delà de pièces à usage de communication, des choses qui s’inscrivent dans un temps plus long. Donc, le graphisme sur le t-shirt, et les différentes broderies qu’on retrouve sur les autres pièces de la collab, ce sont des créations qui ont été développées avec vos équipes, chez OLOW, et Oliver Helfrich. On retrouve des choses géométriques, assez graphiques, mais en même temps très dansantes et très vivantes. Il y a beaucoup de couleur finalement dans ce que fait Oliver.
Valentin Porcher : Je me posais une question, tu voulais faire un tablier réglable, comment as-tu pensé à cette manière de pouvoir modeler et ajuster un tablier comme ça ?
Pierre-Antoine Arlot : Je dois avoir utilisé une vingtaine de tabliers différents, avec des coupes, des textures, des réglages différents, sans avoir véritablement trouvé la combinaison parfaite entre quelque chose de durable, d’agile et d’adaptable. Au final, avec tous les tests qu’on a fait, on y est arrivé avec le tablier OLOW x La Maison.
Je vois bien que chaque personne de l’équipe a une manière différente de le porter, entre ceux qui vont le porter haut, bien tendu et ceux un peu plus lâche pour plus de liberté de mouvement. Donc ce système de boutons pressions, c’est fait pour s’adapter à tout type de morphologie, mais aussi des usages très différents. On ne bouge pas de la même manière, on n’a pas les mêmes mouvements, les mêmes répétitions, ça laisse pas mal de flexibilité. Même sur la manière de le porter, en intégral ou en jupe, suivant l’usage.
Valentin Porcher : Pour le sac c’est pareil, tu avais pensé à des compartiments, ça correspond à un besoin particulier ?
Pierre-Antoine Arlot : C’est vraiment inspiré du marché de Talensac. On voyait de nombreux clients arriver avec des cabas, souvent réemployés de sacs ou tote bags de marques assez connues, offerts lors d’un achat. Les gens trouvaient ça assez sympa, parce qu’ils pouvaient mettre plein de choses dedans, aussi bien des salades, des choses plus lourdes. On trouvait intéressant d’avoir un compartiment pour protéger la baguette d’un côté, et un contrepoids de l’autre pour mettre une bouteille par exemple, tout en laissant de la place pour faire les courses du week-end ou de la semaine.
Valentin Porcher : Au niveau de la veste, tu as privilégié un tissu à la fois robuste, durable mais aussi assez léger. C’était vraiment une demande que tu avais, un vêtement de travail léger et pratique, au final, c’est presque une blouse finalement, non ?
Pierre-Antoine Arlot : Ce n’est pas le bleu de travail traditionnel très épais, avec un côté un peu mécano, très résistant, mais aussi très raide. C’était une de mes grandes frustrations, en tant que boulanger au début, en ayant mis ce genre de veste, de ne pas avoir cette liberté de mouvement. C’est un métier où tu as besoin d’avoir des extensions assez importantes, notamment quand on est au four, mais avec quelque chose qui nous protège aussi les avant-bras de brûlures. Et c’est vrai que sur la première que tu m’as fait essayer, dans cette matière légère, on l’a testée en situation et j’ai trouvé un confort assez immédiat. Je trouve qu’on a réussi à trouver un équilibre. En fait, soit tu peux trouver des vêtements robustes, assez épais, mais pas adaptés au travail en restauration et boulangerie, soit des vestes plus légères, mais pour le coup pas assez résistantes. Là, on a les deux points.